BALTICS
Il faut en passer des nuits difficiles. On espère. On est là tout maladroit, à attendre un signe. On tente, comme à chaque fois. « D’où tu viens ? ». « Ça fait longtemps que tu es ici ? ». On sourit. Ce genre de choses. On croit bien la trouver de temps à autre mais nos espoirs s’éteignent aussi vite qu’apparus. Tout juste ça nous fait sourire une demi-journée, pas plus. C’est déjà ça. On retourne dans notre malheur. On s’y installe confortablement. On attend, on guette, toujours. Une fois trouvé on se remet à espérer et si fort même qu’on ne veut plus partir. Ça nous tombe dessus, au hasard d’une chambre, d’une cuisine ou d’un couloir. Alors on marche, apaisé, ici et là sur les pavés, entre les lampadaires, dans les parcs, vers les églises et les hauteurs. Tout devient ennuyant. On ne pense plus qu’à ça. On oublie notre misère. La route n’est qu’un prétexte. On ne veut plus la prendre. Pourtant elle vous attend déjà.
Le bus est là. Il est temps de dire au revoir. Des adieux cachés, le cœur serré. On a une espèce de boule au ventre. Ce n'est pas supportable. Mieux vaut ne pas rester longtemps dans ces villes. On risque de s’attacher. Les tentations sont nombreuses. Heureusement la route est une guérison efficace contre ce genre de malheur. Elle seule compte au fond. Elle nous fait vite passer à autre chose. Aimer son malheur et puis c’est tout, je suppose. Ne vous inquiétez pas l’habitude s’en charge pour vous. La route pour soi, la jouissance pour tous.
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