VARSOVIE
Je n'ai rien vu venir. La veille il m'avait pourtant bien prévenu le moustachu en ricanant. Ça s’est passé en pleine nuit et de sang-froid. Ce genre de criminels ne rigolent pas. Foutre le bordel dans le sommeil des gens, c’est ca qu’il est question. Même pas conscient pour un sou, ils agissent la nuit ces gars-là, le tout sans scrupules.
Ça ronflait dur. Le gars de Cleveland avait un autrichien pour complice. Quand ce n'était pas l'un, c'était l'autre. À tour de rôle ils jouaient une partition parfaitement orchestré. Aux premières loges, je n’en pouvais rigoler de ce bruyant spectacle. Je n'ai pas dormi. « Une belle symphonie » que je leur dis au réveil. « Bien dormi ? ». « Un peu que j'ai bien dormi. » Mieux vaut ne pas les culpabiliser. Après tout ce n’est pas de leur faute.
Je n'ai rien dit. J'ai subi. J'ai été victime et j'me confesse voilà tout.
Changer de couche tout les nuits provoque un sommeil précaire et aléatoire. C’est au petit bonheur la chance.
Et vous savez le pire dans tout ça ? Je suis peut-être bien l'un des leur.
On est prêt à en faire des concessions en voyage. Le voyage se suffit à lui-même. Subir les ronflements, les insomniaqes, les drogués, les odeurs, les bruits des hommes, des choses et de la route, l'alarme des réveils, la lumière du jour, le manque d'intimitité, la saleté, les individualistes, les égocentriques, les fêtards, les chinois. Tout ça n'est rien. Partager est tout. Parce qu'il soit architecte autrichien en retraite, francaise en erasmus, italien ou allemand en vacances, roumaine en visite, américain fuyant Trump, étudiant kazak, couple de voyageurs anglais, japonais roulant autours du monde à vélo, deux jeunes suisses explorant le nord toujours à vélo, geek chinois, australienne, travailleur, étudiant ou simple voyageur, au fond on est tous là pour la même chose. Parce qu'au final on recherche le partage, celui des repas, des balades, des beuvries, des dances, de la musique et des livres, des anecdotes et des hstoires de voyage, des amours, des sourires et des rires. Il n'y a bien que ça qui compte. Je suis prêt à sacrifier mes nuits, mon confort et mon intimité s'il le faut. Je suis prêt à recommencer parce que je sais que la route m'attends déjà.
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