TRAIN
Ce n’est pas le train de chez nous. Il était très long, miteux à l’extérieur, à l’intérieur misérable pour les miséreux et convenable pour les autres. En somme, chacun à sa place. Et puis qu’importe, la vie y était déjà passée après tout. Officiellement dix-sept heures de trajet, ça en fait des pensées. Les gens rentrent. Et des vendeurs dans le train qui passaient et gueulaient, et ce, très régulièrement. J’en avais que faire moi des bouteilles d’eau, des ice-creams, du thé, du riz, des fruits… Je veux bien une bouteille d’eau, toujours à cause de la chaleur. On finit toujours par céder, question de survie.
Une famille (deux enfants, un bébé, une mère, un père), un jeune couple, deux autres hommes et moi dans 1.5 mètres². Ça en fait des discussions intéressantes et passionnées pendant des heures et des heures encore, entre moi et ma conscience. Ca laisse peu de place au confort par contre, qu’importe. Certains indiens n’ont que faire du voyageur, ils tracent leur route. Par curiosité, de temps à autre, on me demande d’où je viens, en somme qui je suis puis arrive ensuite le questionnement sur mon voyage. Ça permet de situer un Homme tout ça, le reste est anecdotique, pour passer le temps quoi. Bref, la même discussion répétée chaque jour, parfois plusieurs fois, je connais mon texte par cœur, sacrée routine. Tous ces Hommes regagnaient surement leur village natal. On ne se déplace vers les grandes villes que pour y travailler. Ils fuyaient.
Son bébé dans les bras, son autre gosse malade (alors il priait sur ordre de sa mère), elle, en face de moi n’avait pas dit un mot de tout le voyage. Elle n’en était pas muette pour autant. L’autre jeune indienne à mes côtés c’était tout juste quelques mots de temps en temps. Les hommes faisaient la discussion. Je m’interroge sur la place de la femme. Lanterne rouge.
J’entrevois le désert.
Vingt heures de trajet finalement. J’aime le train.
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