BORDER
"Qu'est ce que vous venez faire ici ? Où allez-vous ? Combien de temps ? Et pourquoi ? Et encore pourquoi ?" Ce genre de choses. (Je t'en pose des questions moi ?). Le ton est grave et la dame pas très agréable.
Elle prend son rôle bien au sérieux. On s'y installe confortablement sans se débattre, on y prend presque goût puis l'habitude finit par vous engluer dedans. C'est l'emprise du temps sur nous qui veut ça.
Je peux admettre avoir une tête qui ne force pas la sympathie, une tête de russe qu'on m'a bien souvent dit. Le sourire, c'est pour les autres.
Il ne faut jamais avoir l'air négligé aux passages des frontières. Ça m'a déjà joué des tours. Rester discret, le plus possible, dans son coin, pas de sourcil levé, ni de musique dans les oreilles encore moins d'aboiements.
"Oui madame. Vous êtes bien gentil comme il faut madame. En aucun cas je ne critiquerai votre pays madame." Le même spectacle quotidien. Chacun joue sa partition toujours dans la même gravité.
L'attente est toujours associée à une petite appréhension, celle de se faire recaler. Va savoir pourquoi. Pourtant je vais passer, ça ne fait aucun doute.
"Votre passeport est endommagé." (C'est ta tête qui est endommagée). "Va falloir l'arranger dans votre pays."
Un contrôle puis deux puis on croit que c'est bon et non. C'est comme ça que ça se passe au passage des frontières. On s'y fait. La même sérénade. Quand on n'y est pas habitué comme cette allemande, on regarde partout, on sourit, on prend des photos en discrétion bref un plaisir bien malain. Moi je suis dans la gravité.
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