DELHI

Figurez-vous qu’elle était sale leur ville, absolument sordide. Delhi, c’est une ville sale. J’en avais déjà vu moi des villes bien sûr, et des belles encore, et des monuments et des fameux même. Mais chez moi, n’est-ce pas, elles sont propres les villes, à faire exciter le premier touriste qui voudrait s’y aventurer, sur le trottoir ou dans les parcs, elles respectent la route, tandis que celle-là, l’indienne, elle n’en a que faire du vacancier, et même du voyageur, elle se tenait là, bien laide comme elle était, anéantie par la pauvreté, brûlante et bruyante qui plus est et souillée à faire fuir quiconque voudrait la baiser, même un moustachu.

Et puis qu’il y en avait du monde aussi à Delhi, une fourmilière d’âmes errantes entassées les unes sur les autres dans son vacarme routier qu’est les klaxons permanents, les rickshaw, les vielles voitures, les motos, les vendeurs à la sauvette, avec sa poussière, sa pollution, ses vaches, ses ânes, ses chiens, ses prostitués, ses enfants perdus, le tout sous le contrôle bienveillant de la mafia, avec ses rats, sa rage, ses arnaques, ses viols, avec tout un tas de temples et de mosquées, avec ses cadavres, ses ordures, ses regards insistants et ses quelques sourires, avec ses clochards et ses chinois. Ca en fait de la vie ça. Ah pour ça, oui qu’elle était. Une vie entre homme. 15 millions d’habitants, ça fait du bruit.

En somme, ça fait drôle forcément, toutes ces choses à voir. Mais je n’en pouvais rigoler moi, de ce spectacle pitoyable, à cause du chaud qui entrait dans mon cerveau, à cause de la misère surtout. Il n’est pas commode de découvrir Delhi, ni d’en sortir. Il est plus aisé de la fuir.

Photo prise sur le net